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dimanche 10 mai 2015

Filikí Etería n°7 - la Grèce vue de Grèce – revue de presse




 
 
 
 
- Billet Invité -
 
Par Cristobalacci El Massaliote
 
 
La semaine dernière, l'indispensable Massaliote était en vacances. Il était parti dans un "pays du Club Med", afin de vérifier sur place que Mare Nostrum était toujours à sa place. Le billet ci-dessous constitue donc un petit rattrapage de la revue de l'actualité grecque qu'il nous propose désormais chaque semaine !
 
***
 
I/ Les négociations avec l’Eurogroupe toujours aussi mouvementées

 
1/ L’Eurogroupe tendu qui aurait « marginalisé » un Varoufakis....

La presse du 25 et 26 avril s’inquiétait du climat d’hostilité contre le ministre grec des finances Yanis Varoufakis lors de la réunion informelle de l’Eurogroupe du vendredi 24 avril. Selon plusieurs journaux (reprenant l’agence Bloomberg), certains ministres des finances européens auraient reproché à leur homologue grec une attitude d’aventuriste et d’amateur. Des critiques auraient également été formulées par les ministres français (M. Sapin), italien ( M.Padoan) et allemand (M.Schäuble) sur le retard pris dans les négociations

Varoufakis a, quant à lui, déclaré que si la Grèce était bien prête à un compromis elle souhaitait avant tout un accord cohérent. Il a notamment réclamé un accord qu’il puisse défendre devant le Parlement grec et qui serait porteur d’un “nouveau modèle de croissance de la Grèce” (Sources :To Vima, Ethnos, Kathimérini, Ta Néa du 27 avril).

2/ …pourtant toujours soutenu à Athènes où il pilote de nouvelles équipes d’experts
Selon Tanea.gr, une réunion interministérielle organisée le dimanche 26 avril a permis de confirmer le soutien du gouvernement à Y. Varoufakis. Lors de cette reunión, il a été décidé la mise en place d’une équipe de négociation politique sous la responsabilité du ministre des finances dont la coordination de l’équipe a toutefois été confiée à M. Tsakalotos.

La réunion a en outre décidé la mise en place d’un groupe de coordination spécial, conduit par le Secrétaire Général du gouvernement, Spyros Sayas, chargé du soutien aux délégations techniques des institutions à Athènes. Le Secrétaire Général aux finances, M. Théocharakis, s’est vu confier la rédaction d’un plan pour le croissance, qui devrait constituer la base de l’accord de juin. Enfin, la responsabilité des délégations techniques du Groupe de Bruxelles a été confiée au président du conseil des experts économiques du gouvernement, M. Houliarakis.

3/ La nouvelle équipe de négociation prépare un projet de « loi omnibus »
Plusieurs journaux du 28 avril (Kathimerini, Ethnos, Avghi, Le Journal des Rédacteurs) relèvent que la nouvelle équipe de négociations a décidé au cours de sa première réunion de déposer immédiatement au Parlement un projet de loi omnibus qui comprendra les réformes de la « liste Varoufakis ». Le projet de loi ne comprendra pas de mesures liées au droit du travail et au système de sécurité sociale.

Ethnos du 30 avril, décrivait l’activité intense du gouvernement grec qui s’activait afin de débloquer les négociations et parvenir rapidement à un accord. Alexis Tsipras organisait le soir même un conseil des ministres spécial afin de finaliser le projet de loi omnibus avec ses axes principaux.

4/ Les négociations du 30 avril interrompues à cause des exigences du FMI
Les négociations entamées jeudi 30 avril se déroulaient dans un bon climat selon Ta Néa du 4 mai, mais elles se sont néanmoins interrompues samedi 2 mai en raison des exigences du FMI. En effet, le FMI souhaitait obtenir la libéralisation des licenciements collectifs et avoir des garanties sur le non rétablissement des conventions collectives ce qui représente des « lignes rouges » sur lequelles le gouvernement grec n’entend pas céder.

A la suite d’un entretien du président du conseil des experts économiques, M. Houliarakis, avec les créanciers, il a été convenu que les négociations devraient reprendre à partir du 4 mai. Le but de la partie grecque est d’obtenir une déclaration positive de l’Eurogroupe afin que la BCE débloque des liquidités pour le système bancaire grec.

5/ Et le temps presse !
Selon Ta Néa, l’Etat grec doit impérativement regler au FMI 769 millions d’€ d’ici le 12 mai.

Selon des sources bruxelloises, la date de remboursement d’environ 7 mds€ d'obligations grecques à la BCE, fixée à l’été, pourrait être reportée à une date ultérieure par le Mécanisme de stabilité européen (MES).

6/ Une véritable course contre la montre…

Selon Kathimerini (05 mai), le gouvernement grec se livre à une véritable « course contre la montre » pour aboutir à l’accord permettant de résoudre le problème de liquidités de la Grèce.
 
Ta Nea relève que le gouvernement grec a abandonné l’idée d’un accord intermédiaire au profit d’un accord global prévu pour la mi-juin et qui prévoierait un financement de la Grèce pour les années à venir.
 
Avghi (journal proche de Syriza du 5 mai évoquait même deux scénarios : selon le premier, les partenaires européens se chargeraient d’assurer le financement par la Grèce de ses échéances en juillet et août, reportant à septembre les décisions sur un accord global. Selon le deuxième scénario, un accord global serait conclu en mai ou en juin.
7/ Surprise : le FMI revoit ses prévisions et envisagerait même une suppression partielle de la dette
Plusieurs journaux (Kathimerini, Ethnos, Eleftheros Typos, Avghi) ont repris un article de Financial Times commentant les estimations du FMI. En effet, celui-ci prévoit désormais que la Grèce affichera un déficit primaire de 1,5% du PIB en 2015 , loin de l’objectif fixé d’excédent primaire de 3% !

Face aux conséquences négatives de ceci sur la dette, le FMI prévoit deux scénarios. Soit Athènes prend de nouvelles mesures d’austérité, soit les créanciers de la zone euro doivent se mettre d’accord sur une restructuration de la dette afin que celle-ci devienne viable. L’article du Financial Times souligne qu’au cours de la dernière réunion de l’Eurogroupe à Riga, le directeur du département Europe du FMI, M.Thomsen, aurait demandé la suppression d’une partie importante de la dette grecque, faute de quoi le FMI arrêterait le financement à la Grèce.

8/ Les négociations désormais dans l’impasse

Dans un document officieux, le gouvernement grec a reproché le 5 mai à l’Union Européenne et au FMI de saper les négociations en poursuivant des « stratégies différentes ». Selon plusieurs journaux du 6 mai (Kathimerini, Ta Nea, Ethnos, Avghi), le gouvernement hellène aurait déclaré : « Compte-tenu de cette divergence majeure, le gouvernement grec a décidé de ne pas légiférer sur les réformes avant un accord avec les créanciers ».
Ta Nea souligne ainsi que « le gouvernement grec avoue l’impasse des négociations et retire le projet de loi omnibus ».
8/ … ou empiétant sur les « lignes rouges »
Selon Ta Néa, suite à un entretien téléphonique entre Alexis Tsipras et J.C. Juncker le 6 mai, le gouvernement grec aurait accepté d’ouvrir la question de la sécurité sociale, mais aurait en même temps obtenu un accord de l'UE sur la réintroduction des conventions collectives du travail.
Par ailleurs, la BCE a encore relevé de deux milliards d'euros le plafond de son financement d'urgence des banques grecques (ELA), à hauteur de 78,9 milliards d'euros.

9/ Allemagne : le climat se détend et l’idée des réparations avance.

Le journal Avghi du 27 avril constate une « amélioration du climat » dans les négociations avec les créanciers après l’entretien téléphonique entre M. Tsipras et Mme Merkel.
Le 3 mai, le Président allemand a notamment reconnu : « nous ne sommes pas seulement ceux (les Allemands) qui vivent aujourd’hui, nous sommes aussi les descendants de ceux qui, lors de la seconde guerre mondiale, ont laissé un sillage de destruction derrière eux, entre autres en Grèce, ce que, à notre grande honte, nous avons ignoré pendant longtemps (...) Il est juste qu’un pays conscient de son histoire évalue quelles possibilités de réparation il peut y avoir ».
De son côté, la chancelière allemande a simplement indiqué : « nous, les Allemands, avons une responsabilité particulière, celle d’être attentifs, d’être sensibles et bien informés sur ce que nous avons perpétré sous le nazisme ».


II/ Politique intérieure


1/ Des réformes susceptibles de faire consensus avec les créanciers

Ethnos du 27 avril dresse une liste en six points sur lesquels il y aurait convergence entre le gouvernement et les créanciers : 1/ la Sécurité sociale et notamment les départs anticipés à la retraite ; 2/ une taxe sur les hôtels de luxe 3/ la protection de la résidence principale des foyers défavorisées face aux vente aux enchères ; 4/ la suppression d’une contribution spéciale des hôtels 5/ la mise en place de nouveaux critères pour évaluer les fonctionnaires ; 6/ la mise en place d’un nouveau modèle de privatisations avec la participation de l’Etat. Une partie des recettes sera canalisée vers le système de la sécurité sociale. 

2/ Un possible référendum ?
Dans une interview télévisée accordée à la chaîne de télévision Star le 28 avril, Alexis Tsipras a exclu l’organisation des élections anticipées, mais a toutefois laissé ouverte l’éventualité d’un référendum dans le cas où les négociations avec les créanciers aboutiraient à un « accord qui dépasserait le cadre du mandat populaire accordé à son gouvernement ».

3/ Tensions internes au sein de Syriza

Le journal de centre-droit Kathimerini du 29 avril commentait les débats agités au sein de Syriza à propos de la stratégie à suivre face à l’UE et aux créanciers. Parlant d’« opposition au sein du parti », le journal relève que plusieurs cadres de Syriza appartenant à la «Plateforme de gauche» insistent sur une rupture si les créanciers continuent à demander l’application de mesures qui ne sont pas compatibles avec le programme du parti.

4/ Abaissement de la note de la Grèce 30 avril
Le 29 avril, l’agence Moody's a abaissé la note de la Grèce, évoquant des incertitudes pesant sur un accord avec ses créanciers qui lui permettrait de faire face à ses obligations sur sa dette. L'agence évoque également les risques qui subsisteraient en cas d'accord sur les perspectives financières du pays en raison « de l'affaiblissement de l'économie et de l'environnement politique national fragile ».

5/ Sondages : Syriza toujours largement en tête mais pas de volonté de rupture
Selon un sondage (GPO/Mega Channel 28 avril) les intentions de vote se répartissent ainsi : Syriza: 36,5 ; ND : 22% ; La Rivière : 6,5% ; Aube dorée : 5,5% ; KKE : 5,5% ; Grecs indépendants : 5% ; PASOK : 4% ; Union du centre : 1,8% ; autres partis : 3,2% ; bulletins blancs, nuls : 1,2% ; indécis : 8,8%.

Par ailleurs, 61,9% des sondés se déclarent contre l’organisation d’un référendum sur un éventuel accord avec les créanciers, contre 37% qui sont en faveur.
De même, 72,2% se déclarent contre l’organisation d’élections anticipées, contre 26,3% qui sont en faveur. 58,3% des sondés soutiennent la stratégie suivie par le gouvernement dans les négociations avec les créanciers, contre 39,8% qui ne sont pas d’accord.

Enfin, 78,1% ne souhaitent pas une rupture avec les partenaires européens, contre 17,9% qui sont favorables à une telle éventualité.

6/ Situations tragiques pour certains retraités

Selon Ethnos et Avghi le ministre délégué à la sécurité sociale, M. Stratoulis, aurait adressé à l’ambassade de Grèce à Berlin (à l’occasion d’un débat au Parlement allemand) des données selon lesquelles environ la moitié des retraités (45%) en Grèce vivraient en-dessous du seuil de la pauvreté (17% dans des conditions de misère absolue). Selon ces données, la pension moyenne en Grèce s’élève à 665 € et la pension complémentaire moyenne à 169 €. Pour cette raison, aurait indiqué M. Stratoulis, la question de nouvelles réductions des pensions normales ou complémentaires ne se posait pas.

7/ Les prévisions de croissance revues à la baisse

La Commission européenne a revu à la baisse la prévision de croissance de la Grèce pour 2015. La croissance grecque devrait s’élever à seulement 0,5% cette année, nettement moins que les dernières prévisions de février, où la Commission européenne tablait sur +2,5%. La Commission prévoit par ailleurs un déficit de 2,1 % cette année, puis de 2,2 % en 2016. Il y a à peine trois mois, elle tablait sur un excédent de 1,1 %, puis de 1,6 % (Kathimerini, Ethnos).

8 / Privatisations

Kathimerini du 6 mai relève que dans une tentative de débloquer les privatisations, le TAIPED (fonds de mise en valeur du patrimoine privé de l’Etat) aura dans les prochains jours des entretiens avec les investisseurs retenus pour la deuxième phase de l’appel d’offres pour la privatisation du porte du Pirée, afin de les informer des procédures à suivre.
Selon l’agence Reuters les investisseurs présélectionnés seront invités à soumettre des offres contraignantes en juillet pour une participation à hauteur de 51% dans le port du Pirée, avec une option pour porter leur participation à 67% dans un délai de cinq ans.

Par ailleurs le TAIPED s’entretiendra également dans les prochains jours avec les représentants du consortium Fraport-Slentel qui a remporté en novembre dernier l’appel d’offres pour la privatisation des 14 aéroports régionaux. Selon le journal les deux parties devraient examiner l’éventualité de modifier les conditions du contrat de cession.

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